Ces 2 là, ils arrivent en riant aux séances, amenant avec eux une joie vibrante.

Ils s’asseyent et parlent de leurs difficultés de la semaine, et dans un regard l’un vers l’autre, blaguent de leurs défauts.

Et sous cette joie, pendant 18h, ils ont parlé de leur rencontre, de la façon dont elle – devenue orpheline après la naissance de son 1er enfant – a été accueillie, complètement absorbée par sa famille à lui (nombreuse et très traditionnelle).

Pendant 18h, elle a péniblement trouvé les mots pour parler da sa propre famille : étriquée, menaçante .

 

A l’avant-dernière séance, elle parle de leur sexualité.

Elle a parlé de l’abus sexuel que son père lui a fait subir, et du déclic qu’elle a eu quelques jours auparavant. Elle a tellement travaillé sur elle, qu’elle se sent libre de colère. Elle se sent guérie.

Et elle sent un immense besoin d’explorer sa sexualité adulte, sa sensualité. En dehors de leur relation.

 

Il est tellement heureux pour elle, que la gravité de ce qu’elle a subi soit enfin entendue, et de sa liberté retrouvée.

Il se sent fier d’être celui avec qui elle a pu avoir une sexualité sécure, malgré ses traumas.

 

 

Il se passe quelques semaines avant que je les revois pour leur dernière séance.

Ils partagent le constat que le retour des vacances est difficile, inconfortable.

Elle se met à parler avec insistance de l’attente d’une transformation chez son mari, d’un besoin de libération par rapport à sa famille, thème rebattu aux cours de nos séances. Je reprends les éléments déjà échangés.

Il dit qu’il ne ressent pas ce besoin de transformation mais qu’il est prêt à y travailler. Il énonce ce qu’il aimerait transformer chez lui. Il lui demande si c’est ça qu’il faut qu’il fasse.

 

Elle dit une première fois: “si tu ne ressens pas ce besoin, je ne veux pas te demander ça.”

Et pendant une demie-heure, nous parlons de ça, de la présence de sa famille à lui qu’elle vit comme très envahissante, et aussi de sa fatigue à lui de ne pas comprendre, de ne pas pouvoir lui donner ce qu’elle veut, qu’elle ne veuille pas dire ce qu’elle attend.

 

Et enfin, ses mots à elle, son énergie et son attitude s’alignent.

“Je ne veux plus vivre comme ça, j’ai besoin d’air.”

Je propose: “ce que vous dîtes, c’est qu’il n’y a pas moyen de réconcilier votre besoin de liberté et la vie avec votre mari, c’est ça ?”

“Oui.”

Ils se regardent avec tendresse.

Il dit “Bon. C’est bien que ça s’arrête.”